Pause numérique au Chili / Les Smartphones interdits dans les écoles

 

 

 

Le Chili vient de rejoindre le club grandissant des nations qui déconnectent leurs élèves. Par un vote majoritaire au Parlement, le gouvernement de Gabriel Boric a entériné l’interdiction des téléphones portables dans tous les établissements scolaires, du primaire au secondaire.

 

Par Yakout Abina

 

 

C’est un pas législatif significatif qui vient d’être franchi au Chili. Le Parlement a voté avant-hier l’interdiction totale de l’utilisation des téléphones portables au sein des écoles primaires et secondaires du pays. Cette décision, saluée par une partie de la communauté éducative, place ce pays sud-américain sur la liste croissante des États qui choisissent de débrancher leurs élèves pour, disent-ils, restaurer la concentration en classe et favoriser les interactions sociales.

 

Ce vote marque une victoire politique significative pour le gouvernement du Président Gabriel Boric, qui a activement soutenu ce projet, et dont la promulgation ne devrait être qu’une question de jours. Selon les termes du texte voté, la loi entrera en vigueur dès le mois de mars prochain, coïncidant avec la rentrée scolaire de l’hémisphère sud.

L’interdiction s’appliquera de manière uniforme et sans distinction à toutes les écoles publiques et privées, couvrant l’intégralité des cycles primaire et secondaire.

Le Chili n’est pas un cas isolé, mais plutôt la dernière pièce d’un puzzle réglementaire qui se dessine à l’échelle internationale. De la France, pionnière avec sa loi de 2018, aux Pays-Bas, en passant par l’Australie ou certaines régions du Canada comme l’Ontario et le Québec, de nombreux gouvernements et districts scolaires ont déjà tiré la sonnette d’alarme face aux effets néfastes de la présence constante des Smartphones à l’école.

La motivation principale derrière cette initiative, est l’amélioration des performances scolaires. Selon plusieurs études (notamment de l’UNESCO), La simple présence d’un Smartphone, même éteint ou dans un sac, peut nuire à la mémoire de travail et à la capacité de concentration des élèves.

 

Si le principe d’interdiction est clair, le texte chilien prévoit, à l’instar d’autres législations, des exceptions. Les téléphones pourront être autorisés par les enseignants pour des raisons strictement pédagogiques (une recherche rapide, un outil de sondage) ou pour des cas d’urgence médicale nécessitant une communication constante avec les parents.

Ces mesures d’interdiction des Smartphones à l’école et de réglementation de l’accès aux réseaux sociaux pour les enfants sont motivées par un ensemble de préoccupations liées à la concentration, aux résultats scolaires, à la santé mentale, et à la sécurité des jeunes.

Le téléphone est souvent à l’origine de perturbations et de ruptures de rythme en classe, affectant non seulement l’élève concerné mais aussi ses camarades.

De nombreuses études établissent un lien entre l’usage excessif des réseaux sociaux et une hausse des symptômes d’anxiété et de dépression chez les jeunes. Les chercheurs soulignent également une détérioration de l’image de soi, alimentée par la quête incessante de validation à travers les « likes » et par la comparaison sociale permanente.

Selon les spécialistes, cette dynamique crée un environnement propice au mal-être psychologique. La pression de se conformer aux standards véhiculés en ligne et la dépendance aux réactions des pairs sont désormais considérées comme des facteurs de stress majeurs dans l’adolescence connectée.

Dans plusieurs pays, même sans décision nationale radicale, on observe un freinage ou un abandon discret de la politique du “un élève, un appareil” (1:1), souvent motivé par les coûts, les problèmes de maintenance, ou le manque de preuves d’amélioration des résultats scolaires.

De nombreux districts scolaires ou États/Provinces en Amérique du nord, ont fait l’expérience d’équipements massifs en tablettes (Chromebooks, iPads) au cours de la dernière décennie. Certains ont depuis réduit drastiquement le temps d’écran ou ont restauré l’usage des manuels en papier pour les cours fondamentaux, notamment en raison des préoccupations croissantes concernant la santé mentale et la distraction en classe. La décision y est toutefois plus fragmentée, dépendant des autorités locales.

Au Royaume-Uni comme en Écosse, Des débats réguliers ont lieu sur la nécessité de préserver et de renforcer l’enseignement de l’écriture manuscrite, en réaction à la domination des claviers et des écrans dans l’éducation précoce. Les experts soulignent le lien neurologique entre l’acte d’écrire à la main et le développement cognitif et la mémorisation.

Le cas de la Suède est, de loin, le plus notable et le plus radical. Après avoir été un modèle de la numérisation accélérée de l’éducation, le pays scandinave a décidé d’opérer un retour en force vers les manuels scolaires traditionnels en papier, remettant en question la domination des tablettes et des ordinateurs à l’école.

La Suède, connue pour son innovation technologique, a embrassé l’ère du “tout numérique” dans ses écoles dès les années 2010. Les tablettes et les ordinateurs y étaient largement utilisés, souvent au détriment de l’écriture manuscrite et des manuels traditionnels.

Même sans lobbying prouvé, il est indéniable que l’industrie du bois, du papier et de l’édition scolaire traditionnelle apparaît comme la grande bénéficiaire de ce changement de cap.

Face à elle, un contre-lobby puissant, celui des fabricants de tablettes, des éditeurs de logiciels éducatifs et des acteurs de la connectivité (5G). Ces géants de la Tech mondiale poussaient jusqu’ici à une numérisation accélérée des salles de classe. La décision appelant au retour du papier, s’inscrit donc à contre-courant de cette dynamique globale.

 

Y.A

 

 

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