Un conte targui/ Quand la tête est vide

Autrefois, les animaux vivaient en bonne intelligence et plus d’une fois, ils durent unir leurs efforts pour survivre dans le monde hostile et farouche de la forêt, la montagne et le désert.

Par Kamel Aziouali

C’est ainsi, raconte-t-on, qu’une hyène, un chien et un bouc se lièrent d’amitié et s’associèrent en vue d’attraper quelques poissons. Ils jetèrent leur dévolu sur une rivière peu profonde et se placèrent en travers de son lit guettant d’éventuelles proies. La rivière regorgeait de poissons mais les trois compères se montrèrent si maladroits qu’ils n’en attraperont aucun. C’est bredouilles qu’ils allaient rejoindre la terre ferme lorsque la chance qui arrange bien les choses parfois, vint à leur secours: trois poissons échouèrent, on ne sait trop comment sur la berge! Les trois associés en restèrent… gueule bée !

Le moment de surprise passé il fallait procéder au partage du petit festin. Ce fut le bouc qui prit la parole, car en ce temps-là, la parole n’était pas l’apanage des seuls humains. Les animaux aussi parlaient.

– Quelle chance nous avons là, les amis ! Nous sommes trois et le hasard nous envoie trois poissons !

– Oui, enchaîna  l’hyène, deux pour moi et le troisième pour vous deux.

Il faut rappeler, ici, que la hyène a toujours été décrite comme un animal chez qui se trouvent réunies toutes les tares du monde dont la gourmandise et la bêtise. Le chien qui ne tenait pas à se faire posséder par un charognard, profita d’un moment d’inattention, piqua de la tête sur les poissons et en prit deux dans sa gueule avant de détaler avec la rapidité de l’éclair. L’hyène ne voulant pas non plus laisser s’échapper un  plantureux repas poursuivit le voleur jusqu’à ce qu’ils atteignent le village des hommes. Voyant que son repas allait lui échapper l’hyène donna un coup de mâchoire désespéré  et réussit à saisir la queue du fuyard. La queue de celui-ci fut coupée, mais il parvint à entrer au village où son poursuivant ne pouvait pas prendre le risque de le suivre.

Qu’à cela ne tienne ! L’hyène  décida de se contenter du troisième poisson ! Elle revint sur ses pas et trouva que le bouc l’avait déjà mangé ! Elle entra alors dans une colère orageuse.

– Puisque c’est ainsi, c’est toi, bouc, qui me serviras de repas !

Le bouc aurait pu s’enfuir s’il n’avait eu des douleurs d’estomac à la suite du poisson qu’il avait mangé précipitamment. Alors, pour se tirer d’affaire, il fit semblant de parler avec d’autres boucs :

– Oui, oui vous pouvez venir, j’en tiens un autre cela nous fait dix !

– Avec qui parles-tu ? s’inquiéta la hyène.

– Avec mes frères, les autres boucs ! Ils m’invitent à un festin. Ils ont déjà tué neuf hyènes et je leur ai dit que j’avais sous la main une dixième.

– Quoi ? Tes frères ont tué neuf hyènes et moi je suis le dixième !

– Oui, tu vas subir le même sort…

Tout en parlant, le bouc s’approcha de l’hyène qui prit alors peur et s’enfuit sans demander son reste.

Ce jour-là, l’hyène, à cause de sa bêtise, demeura l’estomac vide.

On dit en terre targuie que lorsque la tête est vide, le ventre l’est très souvent aussi.

 

K.A

 

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