Magie de sorcier

 

(36e partie)

Résumé : Mhend est dans une situation très difficile. Aldjia, sa jeune épouse, a du mal à tomber enceinte après quatre ans de mariage. Il est sommé de la répudier si elle ne tombe pas enceinte dans un délai de trois mois. Celle-ci finit par lui apprendre que Baya une voisine est tombée enceinte grâce au savoir-faire d’un marabout.

 

Par Nasser Mouzaoui

 

 

Le vieux Mohand Arezki demanda à la vieille vieille femme :

  • Toas, peux-tu répéter devant cette assistance ce que tu m’as dit tout à l’heure quand nous étions sur la colline ?
  • Oui, bien sûr.

Avant qu’elle ne se mette à parler, le doyen s’adressa de nouveau aux hommes qui étaient là :

  • Ecoutez bien chaque mot qu’elle prononcera. Ce qu’elle dira est d’une importance capitale.

La vieille dame commença à parler :

  • Tous les habitants de ce village m’ont oubliée. Sauf une jeune femme, une jeune mère de famille dont je révélerai l’identité tout à l’heure. Cette femme non seulement ne m’a pas oubliée mais elle est devenue ma bienfaitrice. De temps en temps, elle allume un feu à un endroit précis et en voyant sa fumée, je sais qu’elle veut me voir pour me donner soit de la nourriture soit des vêtements. C’est ainsi qu’elle m’a appelée il y a quelques jours pour me dire qu’un homme, étranger au village, lui veut du mal et qu’il s’apprête à venir la tourmenter.
  • Pourquoi cet homme lui veut-il du mal ? demanda une voix.
  • Elle allait me le dire et je l’en ai empêchée. Moi tout ce qui m’intéressait c’est que cet homme lui faisait peur…Et moi sans réfléchir j’ai décidé de la défendre.
  • Comment ? demanda la même voix.
  • Combien y a –t-il de moyens pour empêcher quelqu’un de faire du mal à quelqu’un d’autre. Il y a deux méthodes : soit le ramener à la raison en trouvant les mots qu’il faut pour le sensibiliser et l’amener à cesser de faire le mal auquel il s’adonnait.
  • Soit…
  • Soit ? demanda toujours la même voix.
  • Soit le tuer. Comme l’homme en question était animé de très mauvaises intentions et que les gens de nos jours sont beaucoup plus réceptifs à la force qu’à la sagesse, j’ai opté pour son élimination pure et simple.

Un « oh ! » massif et collectif s’échappa des trente poitrines réunies à Tajmaat.

Une fois le récit de la vieille femme terminé, Mohand Arezki, le doyen du village lui demanda :

–          Donc, en donnant un poison foudroyant à cette femme tu n’avais pas l’impression de commettre du mal ?

–          Mais pas du tout…Au contraire, j’étais convaincue que je lui rendais service. Elle était si gentille avec moi et si généreuse que l’homme qui voulait lui faire mal ne pouvait être que cruel. Il fallait que je l’en débarrasse.

–          Qui est cette femme ?

A ce moment-là, il y eut un silence de mort. On aurait pu entendre une fourmi se promenant sur un mur.

–          En fait, il y avait deux femmes. Une c’était celle que je connaissais et la seconde c’est une amie à elle. Pour dire vrai, je ne sais pas qui d’entre elles  a utilisé le poison.

–          Quand tu as donné le poison elles étaient présentes toutes les deux ?

–          Oui…

–          Donc, elles sont deux à avoir commis les deux meurtres…

Quelqu’un de l’assistance hurla :

–          Allez, assez tourné autour du pot ! Qui est cette femme que tu connais ?

Le doyen du village reconnut la voix de Boudjemaa. Il le regarda alors et lui dit :

–          Mon jeune ami, tu recevras le choc  de ta vie lorsque tu sauras de qui il s’agit.

–          Cette femme s’appelle Baya ! lâcha la vieille femme.

Un autre silence de mort s’abattit sur l’assistance. Le visage de Boudjemaa était devenu soudain aussi pâle que celui d’un cadavre. Il baissa la tête un moment puis soudain se leva et se mit à hurler :

–          Qu’est-ce qui prouve que ce qu’elle dit est vrai, hein ? Pendant des années, elle était la folle de la colline, la sorcière de la colline, l’Ogresse de la colline et du jour au lendemain elle est devenue la femme sage par qui passe le salut de notre village ! Vous ne trouvez pas que cela est un peu gros ?

Le vieux Mohand Arezki leva la main pour demander à Boujemaa de se calmer.

–          Pour le moment, nous n’avons pas dit que ta femme est coupable…Nous sommes en train d’écouter la vieille Taos, c’est tout…La coupable c’est peut-être l’autre femme…Dis-moi, Taos, tu reconnaitrais cette autre femme si tu la voyais ?

–          Mais bien sûr.

Des murmures s’élevèrent de l’assistance et le doyen demanda ce qui se passait. Et quelqu’un prit la parole.

–          Des membres de l’assistance croient savoir qui est la seconde femme. On a souvent vu la femme de Boudjemaa en compagnie de la femme de Mohand.

En entendant son nom, Mohand sursauta et il se rappela la frayeur de Aldjia lorsqu’il lui avait dit que la vieille Taos avait été ramenée par Mohand Arezki. Elle avait peur de ce qu’elle pourrait révéler. Il prit alors la parole et déclara sur un ton triste mais ferme :

–          Je suis certain que les propos de la vieille Taos sont justes…

–          Qu’est-ce qui te  fait dire cela ? demanda le doyen.

 

 

 

N.M (à suivre…)

 

 

 

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