Les Palestiniens sont confrontés au chapitre le plus sombre de leur histoire depuis 1948, a récemment déclaré Philippe Lazzarini, patron de l’agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).
Par Tinhinane Ait Afrah
Bombardements, privations d’eau et de nourriture, maladies et désormais l’hiver qui s’installe. La bande de Ghaza est frappée par de terribles inondations, dus à la pluie, et au froid, alors que 80% de la population a été déplacée. Ajouté à cela l’absence des connexions téléphoniques et internet. La faim et le désespoir poussent la population à s’emparer de l’aide humanitaire acheminée dans la bande de Ghaza, a affirmé l’ONU, avertissant d’un « effondrement de l’ordre civil ». « Partout où l’on va, les gens sont désespérés, affamés et terrifiés », a déclaré le Commissaire général de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, au cours d’une conférence de presse à Genève, en marge du Forum mondial des Nations unies sur les réfugiés. « Nous sommes au bord d’une possible implosion » dans la bande de Ghaza, « parce que l’ordre civil s’effondre de plus en plus », a-t-il ajouté. « Plus l’aide humanitaire restera dérisoire par rapport à l’immensité des besoins, plus cette tension va perdurer, plus la situation va devenir impossible », a soutenu M. Lazzarini. « Je n’ai entendu parler d’aucun de nos camions, aussi bien de l’ONU que de l’UNRWA, détourné » violemment par le Hamas, a-t-il répondu à une question. « Avec ce désespoir croissant, notre environnement opérationnel devient de plus en plus difficile. À ce stade, en l’absence d’un cessez-le-feu, le seul moyen d’y remédier (…) est d’apporter une aide à grande échelle », a-t-il affirmé. « La faim est une chose que les habitants de (la bande de) Gaza n’avaient jamais connue auparavant mais elle est apparue ces dernières semaines », a-t-il assuré. Malgré l’appel de l’Assemblée générale de l’ONU à un « cessez-le-feu humanitaire » à Ghaza, l’entité sioniste poursuit ses bombardements sur la bande de Ghaza, en prévenant que cette guerre devrait s’étirer sur « plus que quelques mois ». Les chars et les avions de l’armée sioniste ont intensifié leurs bombardements sur le nord de la bande de Ghaza ainsi que sur Khan Younès et Rafah, dans le sud du territoire, selon les habitants, les autorités et les médias. Quatre personnes, dont deux enfants, ont été tuées et plusieurs autres blessées lors d’une frappe aérienne sioniste sur une maison à Khan Younès, ont déclaré les autorités sanitaires palestiniennes. Selon l’agence de presse palestinienne officielle Wafa, les frappes aériennes sionistes de la nuit sur Khan Younès et Rafah ont tué ou blessé des dizaines de personnes. L’une des frappes a touché un immeuble d’habitation près de l’hôpital koweïtien de Rafah, a ajouté Wafa. A Khan Younès, les conditions continuent de s’aggraver pour les déplacés palestiniens, en raison du manque d’aide et du froid. « Aucun endroit n’a été épargné » à Ghaza, rappelle Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’UNRWA. « Je l’ai déjà dit de nombreuses fois : aucun endroit n’a été épargné, pas même les endroits qui devraient normalement être protégés par les lois de la guerre », a-t-il déclaré au Forum mondial sur les réfugiés à Genève. « Les réfugiés palestiniens endurent un niveau de souffrance sans précédent », a alerté, pour sa part, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Dans ses remarques finales au Forum mondial sur les réfugiés, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a déclaré : « Les réfugiés palestiniens [dans la région de Gaza] sont en train d’endurer un niveau de souffrance sans précédent, et le système de l’ONU fait tout ce qu’il peut pour les soutenir. » de son coté, le porte-parole de l’Unicef, James Elder, qui s’est récemment rendu à Ghaza et a déjà mis en garde contre la situation périlleuse dans laquelle se trouvent les Palestiniens, a déclaré que les bombardements de l’armée sioniste étaient « incessants » et qu’il existait désormais une « grave menace de maladie » dans la bande de Ghaza à la suite d’une période de pluie. « Les gens n’ont plus d’endroit où aller aux toilettes », explique-t-il. « Les maladies se propagent avec l’eau, les diarrhées sont très nombreuses et les enfants ne peuvent pas aller à l’hôpital parce qu’ils y sont soignés pour des blessures au mortier et des amputations. » Même les cimetières ne sont pas épargnés. L’armée sioniste a détruit ou endommagé « au moins six cimetières », selon l’analyse d’images satellites effectuée par The New York Times. Le quotidien américain cite par exemple le cas du cimetière tunisien, que l’armée sioniste a rasé, pour établir ses positions, dans le quartier de Shajaiye, à Ghaza. D’autre part, l’armée d’occupation sioniste a mené, pendant trois jours, un raid sur Jénine et son camp de réfugiés, au nord de la Cisjordanie occupée. Lors de cette incursion, 12 Palestiniens ont été tués et les infrastructures du camp ont été détruites. MSF (Médecins sans frontières) a annoncé que les forces sionistes d’occupation ont tué un adolescent non armé dans l’enceinte de l’hôpital Khalil Suleiman, près du camp de Jénine, hier matin. MSF a indiqué que les forces sionistes ont arrêté les ambulances qui ramenaient des patients chez eux devant l’hôpital Khalil Suleiman. Les ambulanciers et les chauffeurs ont été sommés de sortir des véhicules, déshabillés et obligés de s’agenouiller dans la rue. Environ 18.787 Palestiniens ont été tués dans les frappes sionistes sur Ghaza depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé à Ghaza. Près de 51.000 personnes ont également été blessées. La majorité sont des femmes et des jeunes de moins de 18 ans, précise la même source. A Ghaza l’entité sioniste poursuit son agression avec pour objectif : « éradiquer le Hamas ». Mais la résistance palestinienne ne semble pas véritablement affaiblie. Elle continue a tiré de multiples roquettes sur Jérusalem et les territoires occupés. Un membre important du Hamas au Liban, Osama Hamdan, a déclaré que les tunnels de la bande de Ghaza sont résistants aux tentatives d’inondation: « Les tunnels ont été construits par des ingénieurs qualifiés, qui ont pris en compte toutes les attaques possibles, y compris les inondations ». d’autre part, l’armée sioniste a annoncé avoir tué trois otages identifiés « par erreur » comme une « menace », a indiqué le porte-parole de l’armée de l’armée sioniste à la télévision.
T.A.A
