Amazon s’apprête à supprimer 30 000 postes, une décision inédite pour le géant mondial du commerce en ligne. L’entreprise justifie cette réduction d’effectifs par la nécessité de réduire ses dépenses tout en poursuivant des investissements massifs dans l’intelligence artificielle (IA). Cette annonce, d’abord publiée par Reuters puis relayée par plusieurs médias américains, met en évidence les profonds bouleversements qui traversent actuellement l’industrie technologique mondiale.
Par Chaimaa Sadou
Cette décision marque un tournant historique pour la société fondée par Jeff Bezos. Selon des informations concordantes du Wall Street Journal et du New York Times, Amazon, dont le siège se situe à Seattle, prévoit de mettre fin aux contrats de 30 000 salariés, principalement des employés de bureau et des cadres. Cela représente environ 10 % des effectifs administratifs.
À ce jour, Amazon compte près de 1,5 million d’employés dans le monde, majoritairement affectés à ses centres logistiques et d’expédition. La direction explique que cette réorganisation découle d’un recrutement excessif pendant la pandémie, période durant laquelle la société avait massivement élargi son réseau logistique pour répondre à la flambée du commerce en ligne. Aujourd’hui, face au ralentissement économique, à la hausse des taux d’intérêt et à la baisse de la consommation, les grandes entreprises technologiques sont contraintes de repenser leurs stratégies.
Selon le New York Times, malgré un resserrement des budgets, Amazon continue d’investir des dizaines de milliards de dollars dans le développement de l’intelligence artificielle. En 2023, son directeur général, Andy Jassy, annonçait que cette technologie transformerait profondément le monde du travail. Dans un message interne, il avait déjà évoqué la disparition de certains postes, tout en soulignant l’émergence de nouvelles opportunités liées à ces innovations.
Amazon n’est pas un cas isolé. En 2023, Microsoft a licencié plus de 15 000 employés, Intel a supprimé 22 000 postes, Meta a réduit ses effectifs dans les divisions d’IA, et Salesforce a mis fin à 4 000 contrats. Selon CNBC, l’année 2023 figure parmi les plus marquées par les plans sociaux dans la tech, avec plus de 260 000 emplois supprimés à l’échelle mondiale.
Les grandes entreprises semblent désormais privilégier une croissance sans expansion des effectifs. D’après le Wall Street Journal, des groupes tels que JPMorgan Chase et RTX ont accru leurs bénéfices sans augmenter leurs équipes. Walmart, le plus grand employeur privé au monde, a également stabilisé son personnel tout en améliorant ses résultats financiers.
Dans ce contexte, Amazon met en avant sa stratégie d’automatisation. L’entreprise estime que l’usage croissant de robots et d’outils d’intelligence artificielle pourrait lui éviter de recruter jusqu’à 600 000 travailleurs supplémentaires dans ses entrepôts au cours de la prochaine décennie. Cette projection alimente les inquiétudes liées à l’avenir du travail humain, alors que les gains de productivité offerts par l’IA se traduisent déjà par d’importantes suppressions de postes.
Paradoxalement, Amazon continue de recruter temporairement pour la période des fêtes : environ 250 000 employés saisonniers et chauffeurs seront engagés pour répondre à la hausse de la demande. Cette dualité entre réduction structurelle et besoins ponctuels illustre les dilemmes stratégiques auxquels le groupe fait face : diminuer les coûts tout en maintenant son efficacité opérationnelle.
En définitive, la suppression de 30 000 emplois chez Amazon représente bien plus qu’un simple ajustement budgétaire : c’est le symbole d’une mutation globale du marché du travail, où la logique économique et la transformation technologique redéfinissent le rôle de l’humain. Entre promesse de progrès et crainte de déclassement, une interrogation persiste : quelle place restera-t-il à l’homme dans l’économie de l’intelligence artificielle ?
C.S
