Le Soudan du Sud traverse une nouvelle épreuve dramatique. Des inondations d’une ampleur exceptionnelle ont touché plus d’un million de personnes, provoquant une crise humanitaire sans précédent dans un pays déjà miné par la guerre civile et la faim.
Par Rihab Taleb
Selon un rapport publié jeudi par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), près de 355 000 habitants ont été contraints de fuir leurs foyers dans 18 comtés à la date du 30 octobre. Beaucoup se sont réfugiés sur des hauteurs pour échapper à la montée des eaux, abandonnant derrière eux maisons, cultures et bétail.
Les dégâts matériels sont immenses : des milliers d’habitations détruites, des terres agricoles englouties et des infrastructures vitales gravement endommagées. Cette catastrophe naturelle intervient dans un contexte déjà instable, où les combats persistants, l’insécurité et la pénurie alimentaire plongent le pays dans une détresse chronique.
Les conséquences agricoles de ces inondations sont particulièrement alarmantes. Les champs sont noyés, les récoltes anéanties et les pâturages transformés en marécages, compromettant durablement les moyens de subsistance des communautés rurales. L’OCHA prévient que ces pertes risquent d’exacerber la faim et la malnutrition, déjà à des niveaux critiques.
Sur le plan sanitaire, la situation ne cesse de se dégrader. Les rapports font état d’une recrudescence de maladies telles que le paludisme, la pneumonie, la diarrhée et le choléra, dans un pays où le système de santé reste extrêmement fragile. La malnutrition aiguë touche particulièrement les enfants de moins de cinq ans ainsi que les femmes enceintes et allaitantes, selon les agences humanitaires.
Même si les eaux commencent à se retirer dans certaines zones, le retour des populations déplacées s’avère périlleux. Beaucoup découvrent leurs habitations détruites, les infrastructures d’eau et de santé hors service, et des terres agricoles devenues infertiles. Les efforts de reconstruction se heurtent à un manque criant de moyens financiers et à une diminution constante de l’aide internationale.
Déjà au début du mois d’octobre, l’organisation Save the Children avait alerté sur la gravité de la situation. Elle rappelait qu’il s’agissait de la sixième année consécutive d’inondations massives, aggravées par la baisse du soutien humanitaire. L’ONG décrivait une détresse extrême : certaines familles, notamment parmi les réfugiés ayant fui le conflit au Soudan voisin, en sont réduites à se nourrir de feuilles et de plantes sauvages pour survivre.
Face à cette tragédie qui conjugue désastre climatique, crise alimentaire, effondrement sanitaire et insécurité persistante, les appels à une mobilisation internationale se multiplient. Les agences des Nations unies et les ONG exhortent la communauté mondiale à une réponse urgente et coordonnée, afin de secourir une population prise en étau entre les eaux, la faim et la guerre.
R.T
