Air Algérie entame une nouvelle phase de son développement avec l’arrivée programmée de nouveaux appareils à partir de septembre prochain, dans le cadre d’un programme de modernisation de sa flotte comprenant 15 avions. Ce projet, initialement prévu pour débuter en juin, a subi un décalage imputable à des retards chez le constructeur aéronautique ainsi que chez certains fournisseurs de composants internes, conséquences directes des perturbations touchant le secteur depuis la pandémie de COVID-19.
Par Dahmane Abderrahmane
Les contrats pour la fabrication de ces avions ont été conclus en mai 2023 avec les géants Boeing et Airbus, dans le cadre d’une initiative présidentielle destinée à renforcer la flotte d’Air Algérie et à développer son réseau de liaisons internationales, avec pour objectif de faire d’Alger un véritable carrefour aérien régional.
Airbus devait entamer les livraisons avant la fin du deuxième trimestre 2025, mais des problèmes techniques ont repoussé l’échéance. La réception de ces nouveaux appareils permettra à la compagnie d’élargir son réseau vers plusieurs destinations en Afrique, en Asie et en Europe à partir de 2025 et 2026. D’ailleurs, deux nouvelles lignes sont en cours de préparation, l’une vers Amsterdam et l’autre vers Guangzhou, avec un lancement envisagé avant la fin de l’année.
Dans le cadre de cette modernisation, un volet écologique a été intégré : Air Algérie projette d’utiliser, à terme, des carburants durables dans ses avions, en commençant par certains aéroports étrangers, en attendant la mise en place d’une production nationale de ce type de carburant. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie plus large visant à positionner la compagnie comme un acteur majeur de la transition énergétique sur les plans africain et méditerranéen.
Selon son PDG, Hamza Benhamouda, cette stratégie repose sur cinq piliers : la modernisation des opérations de vol, l’optimisation de l’efficacité énergétique dans les infrastructures, l’innovation technologique et la numérisation, l’intégration progressive du carburant durable, ainsi que la gestion des déchets selon les principes de l’économie circulaire. Elle s’appuiera notamment sur une évaluation complète de l’empreinte carbone de la compagnie, incluant les activités de vol, de maintenance, d’approvisionnement et de service.
Parallèlement, Air Algérie travaille à la création d’une filiale dédiée au transport aérien domestique. La feuille de route est achevée et sera dévoilée sous peu. Ce projet s’inscrit dans une volonté de redynamiser le transport intérieur, conformément aux orientations de l’État depuis 2019. Cette stratégie semble porter ses fruits : le nombre de passagers sur les vols internes a enregistré une hausse de plus de 25 % entre 2019 et 2024.
Sur le plan géopolitique, la compagnie a momentanément suspendu ses vols vers Amman, la capitale jordanienne, en raison des tensions dans la région. Le reste des dessertes au Moyen-Orient continue d’opérer normalement, et le programme vers Amman reprendra dès que les conditions de sécurité le permettront.
Lors de la conférence internationale dédiée à la durabilité dans l’aviation civile, plusieurs responsables ont salué les engagements d’Air Algérie en matière environnementale. La ministre de l’Environnement, Nadjiba Djilali, a notamment souligné que la compagnie faisait figure de pionnière en Afrique pour avoir adhéré au protocole CORSIA, visant la réduction des émissions de carbone dans l’aviation internationale.
Hassan Boulfelfel, directeur général de l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC), a pour sa part appelé à un investissement urgent dans la production et la distribution de carburants durables, ainsi qu’à la modernisation de la flotte nationale en conformité avec les standards environnementaux les plus stricts, rappelant que des sanctions financières pourraient être appliquées dès 2027 en cas de non-conformité.
La conférence, organisée sous le thème « Durabilité dans les esprits, pour une aviation verte », a rassemblé plusieurs membres du gouvernement, des représentants d’instances nationales, ainsi que des experts internationaux. Elle a été l’occasion d’échanger autour de solutions innovantes et pratiques afin d’ancrer durablement les principes de la transition écologique dans le secteur aérien.
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