Lors de son entrevue périodique avec la presse nationale, diffusée dimanche soir, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a fait part de sa volonté de renforcer davantage l’Etat en vue de préserver la sécurité et inculquer les valeurs de la démocratie, affirmant que la bataille menée actuellement par l’Etat était celle du recouvrement et de la préservation de la dignité du citoyen algérien.
Synthèse par Y. bouabdelli et W.Blidi
Volets économique et social
A ce propos, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a réitéré son engagement d’augmenter les salaires et l’allocation chômage, au regard “des recettes supplémentaires” engrangées par l’économie nationale. “Je m’engage à revoir à la hausse les salaires et l’allocation chômage, notamment avec l’amélioration des recettes financières du pays”, a-t-il soutenu. Le président de la République a fait savoir que ces décisions allaient être introduites dans le cadre de la loi de finances 2023 à travers l’augmentation du point indiciaire ou des salaires directement à un niveau raisonnable. Il a fait état, à ce propos, de “la possibilité d’augmenter les salaires à la faveur d’une seule décision ou de manière progressive tout au long de l’année”. Dans le même sillage, le président de la République a indiqué que les capacités de l’Algérie permettent de récupérer, à moyen terme, la valeur du dinar, relevant l’importance de prendre “des mesures précises pour éviter de créer de l’inflation”. S’agissant du secteur de l’habitat, le Président de la République a affirmé que les formules proposées actuellement seront maintenues sans écarter la possibilité pour le département de l’Habitat de proposer au gouvernement une nouvelle formule. Ces démarches entrent, poursuit-il, dans le cadre des efforts visant l’éradication définitive de la crise du logement en Algérie “en préservation de la dignité des Algériens”. “On ne saurait tolérer que les enfants de l’Algérie des Chouhada vivent dans des habitations précaires”, a-t-il martelé. “Nous regrettons de voir des gens, de connivence avec certains responsables, occuper des bidonvilles que nous avons démolis et en avons relogé les propriétaires dans des foyers décents”, a déploré M. Tebboune. Et d’annoncer, à ce sujet, la préparation en cours d’une nouvelle loi punissant sévèrement ceux qui s’emparent des terres domaniales. “Une loi qui prévoit une punition sévère contre ceux qui s’emparent illégalement des terres domaniales, verra très bientôt le jour”, a-t-il précisé. Dans ce contexte, le président de la République a affirmé que “la démocratie et la sécurité du citoyen n’existent que dans un Etat puissant, en ce sens qu’un Etat faible sera incapable de protéger ses citoyens et s’inclinera devant la force d’autrui”. Au volet énergie et exploration pétrolière, le Président Tebboune a salué l’esprit patriotique et la volonté des travailleurs de la Sonatrach, qui ont permis à l’Algérie de restituer ses capacités énergétiques, annonçant, par la même occasion, d’autres découvertes majeures à venir. Quant au secteur de l’agriculture, le Président Tebboune dira que celui-ci “connait actuellement une restructuration et une amélioration”, estimant que l’Algérie était en mesure de réaliser l’autosuffisance dans certaines matières telles que le blé dur et l’orge, des produits qualifiés d'”arme fatale”.
L’Etat punira tous les auteurs de pratiques bureaucratiques
Le président de la République a affirmé que l’Etat punira tous ceux qui favorisent la prolifération de la bureaucratie au sein de l’administration pour en entraver le fonctionnement. M. Tebboune a souligné, à cet effet, que la bureaucratie “n’est autre qu’un ensemble de pratiques autoritaires suspectes, accumulées depuis 30 à 40 ans par des individus si bien introduits dans l’administration qu’on les croirait représentants du Pouvoir. Nous les avons à l’œil”. “Celui qui dit mériter dignité et respect doit commencer par respecter le peuple et les lois de la République”, a affirmé le Président Tebboune, ajoutant que l’élimination de la bureaucratie “passe par l’élimination de ces pratiques au sein de l’administration “.
Enseignement de la langue anglaise
Sur la question portant sur l’enseignement de la langue anglaise dans le cycle primaire, le Chef de l’Etat a assuré que cette décision serait appliquée dès la prochaine rentrée scolaire, afin de permettre au pays de “s’imposer à l’international”.
Les facteurs de puissance de l’Etat qu’il faut œuvrer à consolider
Abordant les facteurs de puissance de l’Etat qu’il œuvre à consolider, le Président de la République a mis en exergue “le succès retentissant” des derniers JM d’Oran et du défilé militaire organisée par l’Armée nationale populaire (ANP) à l’occasion du 60e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale, affirmant que désormais en Algérie on fait la comparaison entre ce qu’il y avait avant ces deux évènements et après leur organisation. Et l’ANP est une “armée-nation et la nation est protégée par son armée”, a soutenu le Président de la République et de poursuivre: “Notre armée est pacifique. Elle n’a jamais dérogé aux us internationaux, et poursuit sa mission de protection de la patrie, en fidélité au message des chouhada”. Evoquant le lien armée-peuple, le président de la République a assuré que “nous avons nos propres moyens, notre armée est forte et le peuple algérien, si fort, jouit de la fierté nationale et demeure attaché à l’unité nationale”. Au sujet du défilé militaire organisé à l’occasion de la célébration du 60e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale, le président de la République a considéré que ce défilé “s’inscrit dans les traditions des pays, à l’instar de l’Algérie, libérée d’ailleurs par la force des armes et non par une indépendance offerte par quiconque”. L’Algérie a dû payer “un lourd tribut pour son indépendance, c’est-à-dire la vie de millions de martyrs”, a-t-il rappelé. L’organisation du défilé militaire est en fait un “retour aux source”, et le peuple algérien “attendait un tel défilé depuis près de 30 ans”, a-t-il souligné. “Toutes les grandes puissances organisent de telles parades, à l’exemple de l’Algérie, un grand pays en Afrique et influent en Méditerranée, comme en témoignent plusieurs événements”.
Remaniement ministériel
Interrogé sur les critères du prochain remaniement, le Président de la République a assuré qu’ils étaient liés à “l’impérative mise en œuvre de nos engagements”, réaffirmant que “le Gouvernement doit être à la hauteur des aspirations du peuple”. “J’ai déjà eu à expliquer que nos choix n’obéissaient pas à l’allégeance. Tous nos ministres sont des universitaires, même si certains manquent d’expérience”, a ajouté le Président de la République, considérant que “les disparités enregistrées en termes de performances des différents secteurs étaient dues au critère de l’expérience”. “L’Algérie a besoin de compétences, et l’évolution effrénée des événements et de notre avancée ne nous laisse pas de temps pour former ceux qui manquent d’expérience”, a conclu le président de la République.
L’initiative de rassemblement
A propos de l’Initiative de rassemblement, le président de la République a affirmé que celle-ci serait le prolongement des lois de la Rahma, de la Concorde civile et de la Réconciliation nationale, précisant que celle-ci “concernera les Algériens fourvoyés qui ont fini par réaliser que leur avenir était assuré dans leur pays et non pas par les ambassades étrangères”. Soulignant que cette initiative concernera également ceux qui “ont préféré s’éloigner pour avoir été maltraités”, le président de la République a affirmé que les tentatives de certaines parties hostiles à l’Algérie “seront vouées à l’échec face à ce peuple vaillant et résistant”. L’occasion était, également pour le Président Tebboune de rappeler que “les adeptes de la période de transition ont essuyé un échec, de même que ceux qui tentent d’ouvrir la voie à l’intervention étrangère en Algérie. Cette initiative sera élaborée sous forme de projet de loi à soumettre au Parlement, étant “le véritable représentant du peuple”, a-t-il précisé.
Il n’y a pas de détenus d’opinion en Algérie
A la question portant sur l’existence de détenus d’opinion en Algérie, le président de la République, a déclaré, “Il n’y a pas de détenus d’opinion en Algérie et la prétendue existence de ce genre de détenus relève du mensonge du siècle”. Le chef de l’Etat a souligné que toute personne qui pratique l’insulte et la diffamation “doit être poursuivie et jugée conformément aux dispositions du droit commun et ce, quel que soit son statut”, ajoutant que “l’immunité ne concerne que les élus parlementaires” et que celle-ci “peut même être levée dans certains cas”. Il a expliqué que quel que soit le statut de la personne, rien ne lui confère le droit de porter atteinte et de dénigrer les institutions de l’Etat ou les symboles de la nation, affirmant, par la même, que la liberté d’expression est garantie en Algérie, à condition qu’elle soit exercée dans un cadre civilisé. Le Président Tebboune a indiqué que les opposants peuvent exprimer leurs points de vue mais, a-t-il précisé, qu’ils soient des porte-voix de parties activant à l’étranger, ceci ne saurait être accepté.
L’Algérie œuvre en permanence à attirer les investissements étrangers
Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a affirmé que l’Algérie œuvrait en permanence à attirer les investissements étrangers, compte tenu des opportunités offertes sur l’ensemble du territoire national. L’Algérie s’attèle à attirer les investissements de pays frères et amis à l’image du Qatar, de la Turquie, de l’Arabie saoudite et de certains pays considérés comme alliés stratégiques à l’instar de l’Italie et autres, a précisé le Président Tebboune. S’agissant de la coopération économique avec la Turquie, le président de la République a rappelé que ce pays était le plus grand investisseur étranger en Algérie à travers de nombreux projets à l’instar du complexe sidérurgique d’Oran dont la production a doublé et s’est orientée vers l’exportation, en sus d’autres investissements dans les domaines du textile et des industries légère et moyenne. Dans ce sillage, le Président Tebboune a évoqué les relations avec l’Italie qui demeure « un allié stratégique, étant le premier pays européen en termes de relations économiques avec l’Algérie ». “Depuis la Guerre de libération nationale, nous n’avons connu aucun problème, ni litige ou différend avec l’Italie”, a ajouté le chef de l’Etat, rappelant que l’Italie a été un soutien solide à chaque fois que l’Algérie passait par des moments difficiles, y compris durant la période de la tragédie nationale. Mettant en avant “la bonne foi des investisseurs italiens qui travaillent dans le silence”, le président de la République a rappelé l’existence de centaines de sociétés italiennes activant en Algérie. Le renforcement de ces relations, précise le président de la République, se poursuit avec le lancement de la phase de la production conjointe, mettant en exergue les efforts en cours pour créer des partenariats algéro-italiens dans divers domaines, dont la mécanique, l’automobile, la construction navale, les minoteries et le secteur de la défense nationale, outre les projets dans le domaine d’installation des équipements. A une question portant sur le fait de savoir si l’Algérie ambitionnait d’adhérer au BRICS, le président de la République a assuré que “cela est envisageable, mais n’anticipons pas. Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura de bonnes nouvelles”, ajoutant que “l’Algérie s’intéresse aux BRICS en ce qu’il constitue, une puissance économique et politique”. “L’adhésion à ce groupe mettrait l’Algérie, pays pionnier du non-alignement, à l’abri des tiraillements entre les deux pôles”, a-t-il ajouté.
L’Algérie ambitionne de se frayer une place de choix dans son espace africain
“L’Algérie doit se frayer une place de choix dans son espace africain et ne pas rester à l’écart du continent”, a souligné le Président Tebboune. “L’Algérie est africaine de par son destin et de son prolongement”, a affirmé le Président de la République, ajoutant que “le rassemblement de l’Afrique ne saurait se réaliser qu’à travers les démarches des Etats africains”. Le Président Tebboune a évoqué au passage nombre de projets lancés avec des pays africains, tel le projet du Gazoduc transsaharien (TSGP), le qualifiant d’”œuvre africaine majeure”. L’Algérie aspire, selon le Président Tebboune, à approvisionner l’Afrique en électricité et à lancer des projets de voies ferrées qui relieront les pays africains au bassin méditerranéen. Elle s’emploie également à rattraper le retard accusé dans les lignes de transport vers les pays africains, a assuré le Président de la République, relevant, à titre d’exemple, l’importance de la ligne maritime vers le Sénégal, que l’Algérie n’a ouvert que soixante ans après son indépendance. Dans le même contexte, le président de la République a salué l’orientation des hommes d’affaires algériens vers l’Afrique, notant que “l’économie est aujourd’hui aux commandes”.
Politique internationale
Au volet international, le Président Tebboune a affirmé que le Sommet arabe prévu en Algérie début novembre prochain sera couronné de succès, soutenant que l’Algérie œuvrait pour unifier les rangs arabes, et que la participation de la Syrie à ce rendez-vous crucial faisait l’objet de concertation entre les pays arabes. Quant à la question palestinienne, le président de la République a révélé que l’Algérie œuvrait à abriter une réunion des factions palestiniennes avant le sommet arabe, soulignant que le pays “jouit de toute la crédibilité” pour pouvoir réconcilier les factions palestiniennes. Pour ce qui est des relations algéro-tunisiennes, il a affirmé que le président tunisien élu, Kaïs Saïed représentait la légitimité en Tunisie, soutenant que l’Algérie traitait avec la légitimité et continuerait à soutenir la Tunisie, pays voisin, “sans ingérence aucune dans ses affaires internes”. Evoquant la situation en Libye, le Chef de l’Etat s’est interrogé sur l’existence d’une véritable volonté pour régler la crise dans ce pays, faisant état de parties qui œuvrent à exacerber les tensions à chaque fois que ce pays se rapproche du dénouement. Et de réitérer le soutien de l’Algérie à la partie légitime en Libye et aux décisions du Conseil de sécurité. “Nous sommes pour la légitimité et en faveur des résolutions du Conseil de sécurité. Nous soutenons l’initiative d’unification des rangs des frères libyens ainsi que la solution inter-libyenne loin de toute ingérence”, a expliqué le Président de la République. Abordant la crise au Mali, le Président Tebboune a affirmé le règlement des problèmes auxquels faisait face ce pays passait par la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, exprimant la disponibilité de l’Algérie à apporter son assistance matérielle et organiser des rencontres en Algérie ou au Mali entre belligérants maliens. Il dira à ce sujet que les dossiers des ressortissants algériens agressés à Gao (Mali) et des diplomates kidnappés dont deux avaient trouvé la mort ne sont pas encore classés, soulignant que les auteurs devront répondre de leurs actes.
Le sport dans le programme du président Tebboune
Au volet sportif, le Président Tebboune a mis l’accent sur la nécessité de prendre en charge et d’accompagner les athlètes talentueux en prévision des prochains rendez-vous sportifs.
Il a estimé que “l’Algérie est aujourd’hui disposée à accueillir des compétitions régionales et même internationales”, compte tenu des infrastructures et des centres d’hébergement dont elle dispose, des investissements qui seront renforcés par de nouvelles structures dans toutes les régions du pays.
Synthèse/ Y.B et W.B
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