S’exprimant, lors de sa participation à la 3ème réunion ministérielle ordinaire du Comité technique spécialisé relevant de des secteurs du commerce, de l’industrie et des mines de l’Union Africaine, le Ministre du commerce Kamel Rezig a insisté sur l’importance que revêt l’entrée en vigueur de la Zone de libre échange Continentale Africaine (ZLECAF), dans la mesure où elle permettra d’intensifier les échanges économiques entre tous les pays du continent mais, aussi et surtout une meilleure exploitation des principales ressources dont ces pays regorgent, ce qui encouragera l’émergence d’industries manufacturières dans cette région.
Par Khadidja Mohamed Bouziane
Le ministre du commerce a également insisté su le fait que l’Algérie s’est depuis le début, pleinement investie dans la réussite de cette zone tout comme elle n’a ménagé aucun effort pour que toutes les conventions africaines puissent aboutir d’une manière bénéfique pour tous les pays du continent. « L’Algérie a ratifié l’acte constitutif de la Zlecaf et déposé, officiellement, les documents de ratification auprès du Secrétariat général de l’Organisation, ce qui lui permettra de bénéficier des différents atouts offerts qui s’inscrivant dans la cadre de la politique de diversification économique et de développement des exportations hors hydrocarbures”, a-t-il ajouté.
Pour prouver cet engagement, l’Algérie est parmi les premiers pays à avoir ratifié l’accord de création de la zone de libre échange en 2018, lors de la 10ème session extraordinaire du sommet des chefs d’états africains. Dans cette optique, l’Algérie fournit des efforts pour accélérer la cadence des projets et infrastructures comme la route transsaharienne reliant Alger à Lagos au Nigéria, le gazoduc transsaharien, la port d’El Hamdania à Cherchell en tant que hub maritime et enfin le projet de liaison de fibre optique Alger –Abuja.
En 2019, précisément au mois d’octobre, une conférence portant sur les enjeux de la zone de libre échange se tient à Alger. Cette rencontre qui a réuni des ministres algériens ainsi que leurs homologues de pays africains, visait à exposer la stratégie nationale pour l’intégration intra africaine mais, aussi à définir une feuille de route autour de la démarche qu’envisage l’Algérie pour adhérer pleinement à cette infrastructure.
En décembre de la même année, l’Algérie ratifie officiellement l’accord de la création de la ZLECAF, lors d’une rencontre dédiée aux ministres africains du commerce tenue à Accra, au Ghana.
La ZLECAF, un choix stratégique pour l’Algérie
En 2020, lors de la 13ème session extraordinaire de la conférence des chefs d’Etats et de gouvernements des de l’Union Africaine, Abdelaziz Djerad, ancien chef du gouvernement avait déclaré dans son allocution que cette infrastructure constituait un choix stratégique pour l’Algérie qui adhère pleinement à l’esprit de coopération et d’échanges entre les pays du continent. Des échanges dont la portion peine à dépasser les 16% alors que le commerce avec les pays Européens atteint les 70% et Asiatiques. « la ZLECAF est un choix stratégique pour l’Algérie, exigeant une conjugaison des efforts pour aller de l’avant dans la concrétisation des objectifs de développement de notre continents et de nos pays, et la consolidation de la paix et de la sécurité , étroitement liée au progrès du développement économique » avait –il souligné dans son allocution.
Le premier ministre avait également abordé les freins ayant ralenti l’activation de cette infrastructure dont l’activation permet des échanges commerciaux libres entre les pays membres, sans les contraintes habituelles, entre autres, les tarifs douaniers et les listes d’engagements relatif aux commerce de services. Dans ce sens il avait affirmé que « l’adhésion de l’Algérie au consensus enregistré au niveau des instances de négociations, concernant les questions en suspens en lien avec les règles d’origine, est total. L’élaboration des offres tarifaires du commerce des biens, des services et des offres préliminaires des secteurs prioritaires pour le commerce de services algérien est en voie de finalisation. »
Un espace commercial de 1,2 milliards de consommateurs
A travers la création de cette zone de libre échange, c’est en fait l’idée de la création d’un marché unique continental, qui prévaut. Permettre une libre circulation des biens et services et permettre également les investissements, tout comme cela se fait au niveau de l’Union Européenne, est le meilleur moyen pour stimuler le commerce africain, ce qui par ricochet, permettra au continent africain de mieux se positionner dans le classement du commerce mondial. Ce qui n’est pas le cas actuellement, en dépit de toutes les richesses que l’on recense dans les pays africains.
L’idée de créer cet espace où les biens et services circulent sans restriction, est née en 2012 lors de la 18ème session de l’Union africaine. L’idée est prometteuse mais, ne remporte pas l’unanimité des pays africains. En 2013, le projet de cette zone commerciale est adopté lors du cinquantième anniversaire consacrant la création de l’Organisation panafricaine. Les négociations commencent dès l’année 2015 par des experts des Etats et institutions régionales mais, il faut attendre l’année 2018 pour que 42 pays consentent enfin à signer l’accord portant la création de cette zone de libre échange.
Le projet, tel qu’il est conçu devrait apporter beaucoup de bienfaits pour le continent africain. D’abord, il est considéré comme étant l’espace commercial le plus peuplé avec ses 1,2 milliards d’habitants qui pourraient atteindre 2,5 milliards à l’horizon 2050. Ce qui implique un PIB cumulé pouvant aisément atteindre 2500 milliards de dollars, ce qui n’est pas négligeable et représente même un atout en faveur de cet espace commercial. En plus d’être un marché important en matière de consommateurs, cette zone commercial promet d’être dépourvu de toutes les contraintes habituelles qui découragent ou ralentissent les échanges entre les pays.
Moins de pauvreté, plus de compétitivité
Les experts qui s’intéressent de prés à ce projet affirment que son entrée en vigueur permet d’élargir les perspectives africaines, surtout que l’accroissement dans la création d’emplois est assuré. Ainsi, ils affirment que pas moins de 68 personnes dans ce continent, pourront sortir de l’état de pauvreté dans lequel elles se trouvent. En effet, l’élimination des droits de douanes à hauteur de 90%, comme il est prévu dans le cadre de cet espace, pourrait garantir une bien meilleure circulation des marchandises, des personnes et des services. Ce qui ne manquera pas de se répercuter sur les économies des pays, même les plus pauvres. Les investissements qui y seront plus encouragés devraient permettre l’exploitation des richesses naturelles de ces pays à bon escient, et donc l’émergence d’une industrie manufacturière florissante. Ce qui permettra aussi de développer plusieurs sous secteurs dans le transport par exemple. Toutes ces actions se répercuteront directement sur le développement économique et la réduction de la pauvreté.
En effet, si les routes, les ports et aéroports, les chemins de fer disposent d’un excellent réseau de connectivité, cela encouragera une bonne croissance dans plusieurs secteurs d’activité notamment l’agriculture, l’exploitation minière, les différentes industries, et même le tourisme qui pourrait venir en appoint de toutes ces activités créatrices d’emplois et de richesses. Par ricochet, d’autres secteurs devraient s’améliorer comme les prestations de services dans les domaines de la santé et de l’éducation.
Synchroniser les communautés économiques régionales
Dans sa stratégie pour développer les pays du continent, l’Union africaine tente de favoriser l’intégration régionale à travers des blocs commerciaux. C’est ainsi que l’on recense actuellement 14 organisation représentant des espaces de libre circulation de biens de personnes et de services. Ces organisations se posent parfois en concurrentes entre elles, ce qui implique des coûts financiers pour les pays qui y adhèrent.
Aussi, pour limiter le nombre de communautés régionales, l’Union africaine met au point un programme pour une intégration minimum. Or, pour synchroniser l’ensemble de ces organisations, il faut un travail de longue haleine. Ce qui fait que la création d’une zone de libre échange pour tous les pays du continent assurera un meilleur développement en réduisant les coûts financiers.
Elle permettra ainsi à de nombreux pays de sortir de leurs spécialisations primaires et donc de devenir moins vulnérables aux variations des prix affectant les matières premières, et de pouvoir assurer leurs perspectives de développement sur le long terme.
Dans sa majorité, l’Afrique qui constitue une excellente réserve en matière de ressources naturelles, notamment les hydrocarbures et les minerais, ne tire pas un grand bénéfique de ses richesses du moment que l’argent qu’elles génèrent n’est pas créateur d’emplois. Seule une complémentarité entre les pays du continent pourrait être à l’origine d’un vrai développement où chaque pays participe avec ce qu’il a et ce qu’il sait faire le mieux.
K.M.B
