Ces dernières années, l’Algérie a intensifié ses efforts pour promouvoir la formation en intelligence artificielle (IA), considérée comme un levier stratégique essentiel pour construire une économie innovante et compétitive.
Par Slimane Zoheir
Actuellement, plus de 50 universités proposent des formations en IA, accompagnées de 20 laboratoires de recherche spécialisés et 117 maisons d’intelligence artificielle implantées dans les établissements universitaires. En outre, l’École nationale supérieure d’intelligence artificielle (ENSIA), première du genre en Afrique et dans le monde arabe, formera dès l’année prochaine sa première promotion d’ingénieurs en IA et sciences des données.
Ces futurs diplômés seront formés pour concevoir des solutions innovantes adaptées aux besoins des secteurs clés comme la santé, l’énergie, l’agriculture et le transport. Mohammed Brahimi, maître de conférences à l’ENSIA, a précisé que ces étudiants, triés sur le volet parmi les meilleurs bacheliers, bénéficient de programmes en phase avec les standards internationaux et d’une formation pratique approfondie. Des stages en entreprise et des projets concrets leur permettent d’acquérir une compréhension fine des exigences du marché national. “Nos étudiants sont formés à résoudre des problématiques réelles en s’appuyant sur des données locales, ce qui les rend directement opérationnels”, a-t-il souligné. Déjà, certains étudiants ont entrepris des démarches pour obtenir le label “Projet innovant”, avec l’ambition de créer leurs propres start-up.
Parallèlement, un Conseil scientifique de l’intelligence artificielle, institué par les ministères de l’Enseignement supérieur et de l’Économie de la connaissance, accompagne cette dynamique. Ce conseil consultatif évalue les ressources disponibles, propose des orientations stratégiques et identifie des opportunités de collaboration internationale.
Au-delà des institutions académiques, les start-up jouent un rôle de plus en plus important dans la diffusion des connaissances en IA. Parmi elles, le Tarik Education Center se distingue par son initiative d’enseigner les bases de l’IA aux enfants. Cette plateforme, dirigée par Tarik Gueham, a remporté en 2023 le prestigieux concours arabe de l’intelligence artificielle Arab AI & IoT Challenge au salon Gitex. Gueham a insisté sur l’urgence d’introduire la programmation et l’IA dès le plus jeune âge, affirmant que “les métiers de demain seront créés par l’intelligence artificielle, tandis qu’une partie significative des emplois actuels sera automatisée”. Pour lui, cette initiative prépare une génération capable de contribuer au développement économique et social de l’Algérie, en positionnant le pays comme un leader régional en matière d’innovation technologique.
Les experts convergent sur l’idée que l’objectif de cet investissement dans la formation ne se limite pas à produire une main-d’œuvre qualifiée. Il s’agit aussi de former des innovateurs capables de répondre aux défis économiques. L’économiste Ishak Kherchi voit dans cette politique une preuve de la volonté des autorités d’intégrer l’IA dans tous les secteurs, grâce à des infrastructures et des programmes adaptés. Cependant, le consultant Selim Bedja estime que pour maximiser ces efforts, il est crucial que les entreprises, notamment privées, adoptent une approche plus ouverte en intégrant ces outils dans leurs processus de modernisation.
Ainsi, l’Algérie place la formation en IA au cœur de sa stratégie de transformation économique, ambitionnant de devenir un acteur majeur dans le domaine de l’innovation technologique.
S.Z (Source APS)