Les journées de la 10ᵉ édition du Festival culturel national de la création féminine, consacré aux femmes artisanes venues du Sud, se succèdent au Palais Boulkine d’Alger. L’événement attire chaque jour un public toujours plus nombreux, venu découvrir un univers éclatant de couleurs, de textures et de traditions issues du cœur du Sahara.
Par Yakout Abina
Selon Mme Fatiha Ferrah Ouyed, membre du commissariat du festival, cette édition, pensée pour être exceptionnelle, a été conçue de manière à rassembler toutes les grandes disciplines culturelles : littérature, musique, mode, couture, gastronomie, ainsi que des activités artisanales telles que la teinture, le filage et le tissage. Les participantes viennent de différentes régions, notamment Timimoun, Gourara, Ghardaïa, El Meniaa, Naâma et bien d’autres encore.
Au cœur du Palais, des ateliers vivants offrent une véritable immersion sensorielle et intellectuelle dans les cultures du Grand Sud. Des artisanes, vêtues de tenues traditionnelles resplendissantes, partagent avec passion leurs techniques et leur savoir-faire : broderie, tissage de laine, teinture végétale ou encore utilisation de fibres naturelles. Ces jeunes créatrices expliquent comment elles extraient les pigments des plantes et les appliquent sur les tissus, valorisant ainsi les ressources locales.
À l’étage, des galeries d’art rassemblent des peintres et des plasticiennes qui exposent leurs œuvres contemporaines : sculptures expressives, tableaux vibrants, photographies évocatrices et même maquettes architecturales signées par des artistes du Sud. Des stands proposent également des bijoux inspirés de la tradition touarègue, des objets en cuir finement décorés de motifs sahariens, le tout disponible à la vente.
Le festival accueille aussi un café littéraire, espace d’échanges où les visiteurs peuvent dialoguer avec plusieurs autrices invitées, dont Fatima Alamini, originaire de Tamanrasset, venue partager ses œuvres et son parcours. Pour les plus jeunes, des séances de contes animées par des conteuses éveillent la curiosité culturelle et nourrissent l’imaginaire à travers légendes, récits et chants du désert.
La mode tient une place de choix dans cette édition, avec des créations originales mêlant tradition et modernité. Les stylistes s’inspirent des tenues sahariennes, des couleurs du désert et des symboles culturels propres à chaque région. Parmi les créatrices remarquées, Mounia Demmak, pharmacienne de formation, s’est distinguée par son audace artistique. Ayant choisi de se reconvertir dans la mode, elle présente une collection ethnique rendant hommage aux « hommes bleus », symbole, selon elle, de liberté. Inspirée par les paysages de Djanet, sa tenue associe un pantalon ample aux tons chauds rappelant les dunes rouges du Tadrart, un ruban structuré évoquant les reliefs rocailleux, et des touches de bleu profond sur les épaules, couronnées d’un turban azur, reflet du ciel pur du Sahara. Une autre pièce emblématique, une robe noire brodée de sequins et de fils dorés, rend hommage à « l’or noir » de Hassi Messaoud.
Les moments forts du festival ont également été marqués par les rythmes du bendir et les chants sahariens, auxquels le public a répondu par des applaudissements enthousiastes. Cette harmonie de sons et de couleurs a transformé le Palais Boulkine en un véritable écrin de fête et de célébration culturelle.
Des masterclass dédiées au costume et à la broderie du Sud mettent en avant la richesse des savoir-faire traditionnels, en explorant des techniques ancestrales transmises de génération en génération. Des conférences animées par M. Slimane Hachi, historien et anthropologue, viennent compléter le programme en abordant les questions d’identité et de patrimoine culturel du territoire.
Enfin, un concours de mode viendra récompenser la créativité des stylistes et des maisons de couture, tant dans le domaine vestimentaire que dans celui de la bijouterie. Pour clôturer cette édition en beauté, une soirée théâtrale exceptionnelle est prévue le 22 octobre à 18 h au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi, où deux pièces seront présentées au public.
YA
