Le maïs, céréale tropicale annuelle appartenant à la famille des graminées et largement cultivée pour ses grains riches en amidon, est aujourd’hui l’une des principales cultures vivrières et industrielles dans le monde. Il joue un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire de nombreux pays africains.
Par Rihab Taleb
La Tanzanie s’est récemment imposée comme un acteur majeur de cette filière grâce à une récolte historique de 12,26 millions de tonnes en 2023/2024. Ce volume, en hausse de 53 % par rapport à la campagne précédente, propulse le pays au deuxième rang des producteurs africains, juste derrière l’Afrique du Sud.
Selon un rapport publié en mai par le ministère tanzanien de l’Agriculture, ce résultat constitue une étape décisive pour la filière nationale. En dépassant pour la première fois le seuil symbolique des 10 millions de tonnes, la Tanzanie surpasse le Nigeria (11,2 millions de tonnes) et l’Éthiopie (10 millions), longtemps considérés comme les piliers de la production céréalière du continent.
Cette dynamique s’inscrit dans une tendance durable : entre 2019/2020 et 2023/2024, la production de maïs tanzanienne a progressé en moyenne de 17 % par an, passant de 6,5 à plus de 12 millions de tonnes en seulement cinq ans.
Plusieurs facteurs expliquent cette ascension :
- desinvestissements publics massifs, notamment 150 milliards de shillings (60,2 millions USD) injectés dans le programme de subvention des engrais en 2023/2024 ;
- uneaugmentation notable de l’utilisation d’intrants, l’usage d’engrais ayant bondi de 44,8 % en un an pour atteindre 840 000 tonnes ;
- la mise à disposition de 72 032 tonnes de semences certifiées, couvrant 56,4 % des besoins annuels, dont le maïs représente 60 % du volume ;
- le renforcement des services de vulgarisation, l’expansion des terres irriguées et la production locale de semences, qui couvre désormais 68 % des besoins en variétés améliorées.
À la différence de ses voisins, la Tanzanie n’a pas introduit les organismes génétiquement modifiés (OGM) dans sa filière maïs. Alors que l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Éthiopie ont autorisé la culture du maïs transgénique Tela, le pays reste prudent. Son règlement de biosécurité de 2009 impose en effet une responsabilité totale aux producteurs de biotechnologies, freinant les expérimentations en plein champ. Cette position illustre qu’une croissance agricole significative est possible sans OGM, à condition d’investir dans des intrants de qualité et des pratiques modernes.
Toutefois, des défis persistent. Les pertes post-récolte, estimées à 11 % par an, représentent un frein important. Pour y remédier, le gouvernement prévoit d’accroître la capacité de stockage de l’Agence nationale des réserves alimentaires (NFRA), qui devrait passer de 340 000 tonnes en 2022 à 3 millions de tonnes d’ici 2030.
Avec une production moyenne de 15,7 millions de tonnes entre 2019 et 2024, l’Afrique du Sud conserve son statut de leader incontesté. Mais la Tanzanie, forte de ses investissements et de sa stratégie agricole ambitieuse, pourrait bientôt devenir un modèle de résilience et de performance pour l’ensemble du continent africain.
R.T
