Une étude menée en 2022 par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) a identifié quatre secteurs stratégiques : l’agro-industrie, la logistique, la pharmacie et l’automobile. Ces domaines sont considérés comme porteurs et susceptibles de doubler le commerce intra-africain d’ici 2035. Ils répondent à la fois aux besoins croissants du continent et reflètent le potentiel industriel de plusieurs pays, dont l’Algérie.
Par Malika Azeb
Le secteur pharmaceutique illustre particulièrement ces enjeux. En 2019, l’Afrique a importé pour près de 19 milliards de dollars de médicaments, principalement des génériques. Cette dépense considérable constitue une charge pour les économies, mais représente aussi une opportunité pour des pays comme l’Algérie, qui dispose déjà d’entreprises capables de produire et d’exporter vers d’autres marchés africains.
Mme Cynthia Gnassingbé Essonam, conseillère principale chargée de l’engagement du secteur privé au sein de la ZLECAF, a déclaré sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale :
« Si nous parvenons à harmoniser les réglementations et les normes, nous aurons un véritable marché pharmaceutique africain. » Elle a ajouté : « Nous voulons ramener la valeur ajoutée sur le continent et développer les chaînes de valeur africaines. »
Les secteurs de l’automobile et de l’agro-industrie suscitent également un fort intérêt. Lors de la Foire du commerce intra-africain (IATF), le secteur privé algérien, représenté aussi bien par de grandes entreprises que par des startups, a exprimé sa volonté de devenir un acteur clé de la transformation industrielle africaine.
Au-delà de ces industries, la question des infrastructures reste cruciale. Routes, lignes maritimes et liaisons aériennes sont indispensables pour connecter les marchés africains. L’Algérie mise notamment sur la route transsaharienne, le projet de ligne aérienne Alger-N’Djamena et la future liaison maritime Alger-Nouakchott, afin de s’imposer comme une plaque tournante logistique de premier plan. La responsable de la ZLECAF a d’ailleurs salué les « mégaprojets » engagés par Alger.
Il convient de rappeler que le commerce intra-africain ne représente actuellement que 15 à 18 % des échanges du continent, un niveau faible comparé aux autres régions du monde. La ZLECAF œuvre à renverser cette tendance en supprimant les barrières tarifaires et non tarifaires, et en stimulant le rôle du secteur privé africain. À ce jour, 49 pays ont ratifié l’accord, témoignant d’une réelle volonté politique d’avancer ensemble.
Mme Gnassingbé Essonam a souligné que l’édition algérienne de l’IATF illustre concrètement cette dynamique :
« C’est ici que l’on voit naître des partenariats sud-sud et des solutions africaines aux défis africains. »
L’édition 2025 de l’IATF a réuni plus de 30 000 participants et 2 000 exposants. La prochaine rencontre est prévue pour 2027 à Lagos, confirmant la place centrale de ce rendez-vous dans l’essor des échanges intra-africains.
M.A