Hamou Boutlelis, “le martyr sans sépulture”

 

 

Un des premiers participants à la préparation de la Glorieuse Guerre de libération

Surnommé “le martyr sans sépulture”, Hamou Boutlelis, enfant de la ville d’Oran, est l’une des figures révolutionnaires historiques et un symbole de la lutte nationale contre le colonialisme français. Il fut l’un des premiers à contribuer à la préparation du déclenchement de la glorieuse Révolution de libération nationale.

Né en 1920 dans le quartier populaire de M’dina Jdida (Ville Nouvelle) à Oran, il effectua ses études primaires dans le même quartier. Il fréquenta également l’école coranique, ainsi que l’école El-Falah relevant de l’Association des Oulémas musulmans algériens.

Son engagement au sein des Scouts musulmans algériens (SMA) fut une étape essentielle dans son parcours. C’est là qu’il apprit la discipline et développa son esprit patriotique. Il était membre du groupe scout Ennadjah à Sidi Blal, à Oran, alors qu’il n’avait que 17 ans.

Au début de son militantisme politique, Hamou Boutlelis rejoignit le Parti de l’Etoile nord-africaine, puis le Parti du peuple algérien (PPA) en 1938, où il devint représentant de la jeunesse algérienne. Il occupa également un poste de responsabilité au sein de l’Organisation Spéciale (OS) en tant qu’adjoint du défunt Ahmed Ben Bella dans la région nord d’Oran, selon l’historien et chercheur Mohamed Belhadj de l’Université d’Oran 1 “Ahmed Ben Bella”.

Il acquit une solide expérience militante grâce à son engagement au sein du parti, ce qui se traduisit par son talent oratoire, sa capacité à gérer les réunions et à rapprocher les différents points de vue, a précisé le même chercheur.

Hamou Boutlelis joua un rôle dans les manifestations du 1er mai 1945 organisées par les militants du PPA à Oran, violemment réprimées par la police coloniale. Il participa à la sensibilisation, à la mobilisation et à l’organisation des militants aux côtés de ses camarades Abdelkader Torki, Habib Khelloul Boumediene, Zeddour Brahim El Kacem et Sahraoui Brahim Mohamed.

Par la suite, il se consacra pleinement aux activités de l’OS qui fut en mai 1948, restructurée dans le Nord-Ouest du pays avec sa nomination en tant que commandant, assisté de Souidani Boudjemâa, responsable de la région d’Oran à l’époque.

D’après des documents historiques cités par le même chercheur, “Hamou Boutlelis était l’un des éléments clés de l’Organisation Spéciale à Oran.

Il se rendait fréquemment dans les environs d’Alger et s’établit à Djebel Chenoua (Tipaza), où il résidait dans un camp destiné à l’entraînement et à l’assemblage d’armes, entre autres activités liées à la préparation de la lutte armée, sous couvert des Scouts musulmans algériens”.

Il faisait également partie des réseaux logistiques ayant accueilli les auteurs de l’attaque contre la Poste d’Oran, le 5 avril 1949. En sa qualité de principal responsable à Oran, il joua un rôle déterminant dans la préparation et l’exécution de cette opération, selon la même source.

Cette attaque, supervisée par Ahmed Ben Bella et Hocine Aït Ahmed, fut exécutée par Hamou Boutlelis, les frères Lounès et Omar Khattab, Belhadj Bouchaïb (alias Si Ahmed) et d’autres, avec la complicité d’un employé de la poste, Si Djelloul Nemiche, dit Si Bakhti. Elle permit de financer les activités de l’OS et d’acquérir des armes qui furent, plus tard, utilisées pour déclencher la Guerre de libération nationale.

Après le succès de l’attaque, Hamou Boutlelis envoya sa femme et sa fille avec Souidani Boudjemâa pour transférer l’argent du quartier Gambetta (actuellement Es-Seddikia) jusqu’à son domicile familial, situé au Boulevard Mascara.

Il entra ensuite en contact avec la direction de l’OS, qui dépêcha Mohamed Khider, député disposant de l’immunité parlementaire.

Ce dernier accompagna Hamou Boutlelis à Oran et transporta l’argent vers Alger, puis en Libye. Cette somme permit d’acheter environ 350 armes à feu pour préparer le déclenchement de la Révolution.

Hamou Boutlelis fut arrêté et condamné à 7 ans de prison, en même temps que ses compagnons Bennaoum Benzerga, Fellouh Meskine et Rabah Lourdioui, qui écopèrent de peines diverses.

Il purgea près de 7 ans et demi de détention, transféré entre les prisons d’Oran, d’Alger et d’El Asnam (actuellement Chlef), où il subit de terribles tortures infligées par le colonisateur français. Il mena même une grève de la faim de 37 jours à la prison de Serkadji, forçant ainsi les autorités coloniales à améliorer les conditions de détention des prisonniers.

Selon Mohamed Belhadj, les autorités coloniales françaises craignaient de libérer Hamou Boutlelis à la fin de sa peine, en pleine intensification de la Révolution, car elles savaient qu’il reprendrait le combat et que sa capacité à convaincre et à mobiliser les jeunes renforcerait davantage les rangs des révolutionnaires.

A peine sa peine terminée, le 22 octobre 1957, Hamou Boutleli fut enlevé par les forces coloniales françaises dès sa sortie de prison. Sa famille ne reçut plus de nouvelles jusqu’à ce que des informations circulent faisant état de son assassinat, jeté depuis un hélicoptère en pleine mer.

Et c’est ainsi que ce héros devint à jamais connu sous le nom du “martyr sans sépulture”.
RA/APS

 

 

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